EL-KEF
Texte: Mohamed Tlili

SITUATION GEOGRAPHIQUE

La ville du Kef, dont les coordonnées sont : 36°11 Nord et 8°43 Est, est située au Nord-Ouest de la Tunisie. Elle est à 170 km au Sud-Ouest de Tunis et à 42 km à l’Est des frontières tuniso-algèriennes. Sa position est au cœur d’un important carrefour routier reliant le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest du pays, l’Algérie à la Tunisie. Position qui permettait à la ville de jouer des rôles économiques et politiques assez importants, souvent décisifs. El Kef est le Chef-lieu du Gouvernorat du Kef ; l’ensemble de la ville actuelle est réparti entre deux délégations, celle du Kef oriental et celle du Kef occidental ; elle compte 42.449 habitants (1994). Son statut actuel de ville moyenne ne reflète en rien son histoire et son patrimoine. Son économie est marquée essentiellement par les activités agricoles, celles des grandes cultures céréalières en particulier et les services.

La ville du Kef est représentative de la région naturelle du Haut-Tell tunisien. Elle en garde toute les caractéristiques naturelles et humaines. Située à mi distance entre la côte méditerranéenne au Nord et les Steppes au Sud, la ville est marquée par un climat continental « méditerranéen-steppique ». L’hiver est rude, ponctué souvent par les chutes de neige ; les vents dominants sont ceux du Nord-Ouest, le sirocco, vent désertique du Sud-Ouest, fait monter les températures jusqu’à 40°-45°. Ce dernier est atténué toutefois par l’altitude. Les étés torrides sont souvent allégés par la brise, la fameuse « nisma kefiyya ». Les températures sont néanmoins marquées par de grands écarts entre janvier (7°) et juillet (26°5), elles peuvent descendre jusqu’au-dessous de 5°. La moyenne annuelle des journées de gelée est de 10 jours. Les pluies sont apportées par les vents du Nord-Ouest et du Nord, la moyenne annuelle est supérieure à 500 mm et peut atteindre sur les sommets du Dyr 700 mm. Les jours pluvieux varient entre 65 et 100 jours, la moyenne d’évaporation est de 65%. L’air y est très sec et la nébulosité y est assez faible.

Si le climat est ainsi déterminant surtout pour la vie économique, c’est plutôt le relief qui confère à la ville du Kef les traits caractéristiques de sa personnalité urbaine et architecturale. Perché à 735 m d’altitude, le vieux centre urbain, couronné de sa Qasba, revêt le profil d’une authentique ville de montagne. Bel exemple de la ville fortifiée,  el Kef se niche comme un nid d’aigle sur le dernier promontoire de l’immense plateau rocheux du Jbel Dyr (1084m.). Véritable château d’eau, celui-ci lui assure la protection et une position privilégiée de sentinelle qui domine un très vaste pays. La ville bénéficie d’une très large panorama ouvert sur plus de 210°, le regard permet de surveiller, au loin, les vastes et riches plaines agricoles, les monts boisés, les vallées, les principaux cols et gués et tout le réseau des communications de la région. On comprend aisément la vocation défensive et le rôle de métropole régionale que la ville a dû jouer tout le long de son histoire. Ville d’eau, riche en potentialités naturelles et agricoles en particulier, el-Kef, grâce à un certain nombre d’avantages TIR2S de sa situation géographique et de son site naturel, a pu naître et se développer depuis la plus haute préhistoire. Quittant progressivement son rocher naturel et son site d’implantation primitive, la ville évolue immanquablement, depuis le début du XXe s, vers la plaine et vers les collines avoisinantes où elle tente, bon gré mal gré, de se recréer et de s’équilibrer à nouveau. Des 45 hectares contenus autrefois à l’intérieur des remparts et rationnellement occupés, la superficie de la ville est estimée aujourd’hui à plus de 1200 hectares encore mal soudés et homogénéisés.

 

 

 

Un moment priviligié et feérique : El-Kef sous la neige (Promenade de Beb Charfein)

 

Aux origines du site naturel du Kef : le synclinal perché de jbel Dyr (Abris sous roche de Sidi Mansour el-Geyes)

Aux origines de la vocation sacrée du Kef : les falaises de Chgega