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BASILIQUE DE SAINT PIERRE Rue Amilcar Plus connue sous le nom de Dar el-Kous (maison de larc ) à cause de sa remarquable abside, cette basilique, utilisée autrefois comme maison particulière, était reconnue et identifiée par les premiers explorateurs qui avaient visité la ville. Cest à laumônier Giudicelli que devait revenir le mérite de lavoir dégagée, restaurée en partie et rendue au culte chrétien. Tout le monde reconnaît quon a là lune des rares basiliques paléochrétiennes, avec un plan latin, qui nous soit parvenue relativement bien conservée, dautant que le monument est entièrement construit en gros blocs de pierre calcaire locale. Celle-ci semble, en partie, édifiée sur lemplacement danciens temples païens antérieurs au IVe s. à en juger par le réemploi des anciens éléments architectoniques de ces édifices et des soffites, dont certaines portent des inscriptions latines tardives, relatives à des temples païens disparus. La basilique semble, selon toute vraisemblance, avoir pris la place du Capitole même de lancienne Sicca Veneria. La façade principale du monument est située du côté ouest. On accède, par trois portes, dans un narthex voûté en voûte darête. Celui-ci ouvre, par une porte latérale, sur le côté sud, donnant accès à des annexes encore cachées par les constructions actuelles. Du narthex on entre, par trois portes, dans la grande salle. Cette dernière, composée dune nef centrale et de deux bas-côtés, garde les traces des suites darcades portées sur une double rangée de colonnes, séparant la nef des bas- côtés et formant, en tout, huit travées. Si la nef était couverte en charpente, les bas-côtés étaient en voûte darête. Les côtés latéraux de la grande salle ouvrent sur le côté nord par deux portes, aujourdhui condamnées, et sur le côté sud par trois portes, donnant sur la place de lancien forum réaménagé en une grande cour fermée. Le prolongement de la nef centrale donne sur un arc de tête soutenu par deux colonnes dordre corinthien, encadrant une remarquable abside en cul-de-four, décorée de cinq niches demi- circulaires et accostées autrefois par six colonnettes situées au-dessous des consoles soutenant les nervures dune demi- coupole. Contrairement aux précédentes dispositions, dont le plan est latin, celles de labside dénotent une nette influence orientale, que P. Gauckler trouvait "absolument analogues à celles de certaines petites églises de Constantinople " et lattribuait au début du Ves. Daprès les chrismes gravés sur la clef de voûte de larc de tête de labside, et sur une autre clef de voûte découverte sur les lieux, cette basilique fut dédiée à Saint Pierre. On peut toujours remarquer, sur le grand arc de tête de labside, la présence de la clef de voûte qui porte en haut et en caractères byzantins le monogramme suivant : DMNS = d(o)m(i)n(u)s. Au milieu, dans un trapèze est inscrite une couronne, dedans une croix grecque dont les quatre branches portent les lettres : PTRS = p(e)tr(u)s. Dans les quatre angles du trapèze sont figurés des " S " signifiant Sanctus. Une deuxième clef de voûte attribuée au narthex de la basilique trouvée dans le remblai au cours des fouilles représente également une croix grecque inscrite dans une circonférence à double filet. La branche supérieure présente les lettres SCS : Sanctus Christus, la branche gauche un P, la branche droite un R, la branche inférieure un S : Sanctus Petrus. La lettre T étant représentée par la disposition en croix de lensemble du monogramme. Cette décoration est relevée notamment à lextérieur : trois croix grecques, dont deux avec couronnes, sont sculptées au milieu des linteaux des trois portes ouvrant sur le côté sud. On remarque dans une couronne flanquée à droite par une branche dolivier et à gauche par un palmier, symboles de la passion, une première croix. Une seconde croix est dans une couronne également. Elle est entourée dans la partie inférieure, sous forme dun demi-cercle, par une longue branche dolivier. Une troisième croix grecque simple enfin termine la série du côté ouest. Les fouilles effectuées en 1894 par Giudicelli, avaient permis la découverte des anciennes dispositions liturgiques de la basilique. Le chur, surélevé dune marche, occupait les quatre premières travées de la nef centrale, fermées par un chancel. Lautel devait se situer évidemment au milieu de cet espace ainsi limité. Labside surélevée du niveau de la grande salle de deux marches contient encore les traces dun banc pour le clergé. Quant aux sacristies elles occupaient les deux pièces, dinégales dimensions, qui flanquent labside, dont lune ouvre sur le côté sud et semble réservée aux officiants. Le sol de la basilique était entièrement recouvert de mosaïques, révélées par les fouilles et enlevées, et de plusieurs dalles de sépultures. Le baptistère est vraisemblablement situé sur le flanc nord en dehors de la basilique. Il devait communiquer avec la grande salle par lune des deux portes latérales. Daprès des témoignages dignes de foi, cette annexe est toujours en place et enterrée actuellement dans le petit terrain vague juxtaposant la basilique. Il semblerait quil soit recouvert de mosaïques avec la représentation, au fond du bassin, dune croix constantinienne. On doit remarquer toutefois que le nombre remarquable des ouvertures de cette basilique sur lextérieur donne, déjà, une idée sur laspect "ouvert " et officiel du culte chrétien à lépoque. Celui-ci devait drainer une grande foule de fidèles. La construction de cette basilique en plein cur de lancien forum de la cité classique consacre le triomphe du christianisme.
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Remarquable abside assez bien conservée de la basilique paléochréteinne du IV e s. On doit noter ici la reproduction du nombre cinq et celle de la coquille dans labside, celle-ci étant le symbole du salut dans lau-delà, fréquente, par ailleurs dans les stèles dédiées à Saturne. Ou sagit-il, plutôt, dune adaptation locale en rapport avec la valeur prophylactique et surtout apotropaïque de la main grande ouverte opposée au mauvais il ? Dans ce cas nous pensons que le modèle africain est vraisemblablement antérieur à ceux de lOrient (lexemple de Saint Siméon le Jeune en Syrie remonte au VI e s.).
Façade restituée de la basilique Le narthex reconverti en église paroissiale Vue de l'ancienne église de la communauté chrétienne du Kef de l'époque coloniale. Le narthex de la basilique avait servi, dès la fin du XIXe s., comme église paroissiale à la communauté chrétienne qui vivait au Kef pendant le Protectorat français. Le monument devait connaître néanmoins, dans les années soixante, dimportants travaux de restauration.
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