Les grandes citernes romaines Texte de Mohamed Tlili
- Les grandes citernes romaines, avec leurs
douze compartiments, témoignent de la grandeur et de la splendeur de la cité antique de Cirta-Sicca
Veneria. Elles sont situées au pied des falaises desh-Shgega. Elles
furent signalées, dès le XIIe s., par tous les voyageurs qui avaient visité
la ville et avaient attiré, très tôt, lattention des explorateurs et des
archéologues par leur grandeur et par leur état de conservation. Transformées après
leur abandon en parc à bestiaux, on a eu même lidée de les utiliser pour les
troupes françaises comme casernes au moment de loccupation de la ville en 1881. Après des travaux de fouilles en 1883,
de déblaiement et de restauration, ces citernes furent réutilisées de nouveau comme
réservoirs deau de la ville dés 1891 et ceci
jusquà une date récente (1970).
Grâce à certains indices,
on avait relevé que ces citernes, dont le plan et le mode de construction
sont semblables à ceux des grandes citernes puniques de Maâlqa-Carthage,
sont antérieures à lépoque romaine. Elles sont considérées par
la taille et la contenance comme les deuxièmes du pays après celles
de Carthage, ce qui en dit long sur léchelle de grandeur de
lancienne capitale des Numides. Il nest pas exclu, vu
le voisinage de lancien temple de Vénus, que ces citernes sont,
à lorigine, en rapport étroit avec le sanctuaire primitif dAshtar.
La présence danciens aménagements ainsi que celle du Nymphée,
aujourdhui disparu, de Aïn Al Ajmiya trahissent à ce niveau
un ancien point deau important. Lévolution de la ville
à lépoque romaine, probablement en rapport avec une conjoncture
de sécheresse, a dû nécessiter dimportants travaux de réaménagement
et daugmentation des capacités demmagasinage de ces citernes.
On a capté et maximalisé à cet effet toutes les sources du flanc méridional
et celles du haut du plateau du Dyr.
Les citernes dont la longueur est de 81,50 m
et la largeur de 27,60 m se composent en fait de quatre principales parties :
- A langle sud-est des citernes se situe une chambre
voûtée de réception et de décantation de 4 m de long sur 3,50 m de large et 3 m de
haut où devaient aboutir deux conduites dadduction (specus) situées sur les
parois nord et sud. Elles mesurent 1,50 m de hauteur sur 0,5 m de largeur. On y accédait
du côté est par une petite porte de 1 m de large sur 1,50 m de haut. La différence de
niveau entre le seuil de cette chambre et celui des citernes est de 3,30 m ;
leau est déversée par une ouverture sur une large dalle placée sur le radier du
premier compartiment.
- Un ensemble de 11 citernes voûtées en voûte à berceau
et accolées sur la longueur. Elles communiquent entre elles par des ouvertures médianes
cintrées (4,50 m x 2 m). Elles sont aérées par des regards circulaires au sommet des
voûtes et des soupiraux voûtés situés sur le côté sud et destinés à recueillir
notamment les eaux de limpluvium aménagé au-dessus des citernes. De
dimensions légèrement différentes, à cause de la présence du rocher sur le flanc
nord, chaque citerne fait 25 m de long en moyenne sur 6,15 m de large et une hauteur de
6,30 m. On y accède par une petite porte aménagée sur la face ouest donnant sur une
rampe de 0,80 m qui mène au radier. Leur capacité de stockage est évaluée à 6.300 m3
deau.
- Lepistomium, la chambre des vannes.
Elle est voûtée en plein cintre et mesure 3,20 m de largeur, 5,45 m de longueur et
6,30 m de hauteur. Sur le dernier mur des citernes sont aménagés, dans une dalle carrée
de 0,70 m, les deux orifices de 0,10 m des anciens robinets qui déversaient leurs eaux
dans un bassin de 2,10 m de diamètre. On accède à lepistomium par un
escalier de 0,80 m de large.
- Lemissarium, le tunnel qui part de lepistomium
vers la ville mesure 1,10 m de largeur et 2,10 m de hauteur. Voûté en plein cintre il
est aéré et éclairé, sur la proportion reconnue, par des cheminées de section carrée
de 1 m et dont la hauteur atteint 2,5 m. La partie préservée mesure 110 m de longueur.
Une section de 16 m est actuellement bouchée en partie par la maçonnerie des fondations
des remparts de Ali Basha (1740). Ce tunnel se dirige vers la ville, située en contrebas,
où il devait alimenter à la fois le nymphée de Iin el- Ajmiya et le haut
de la ville par des aqueducs, acheminant leau jusquaux nombreuses citernes
aménagées sur le plateau del-Qasba et fournir de leau à un autre groupe de
citernes situées sur le palier intermédiaire et alimentant très probablement le
monument dit "les thermes de lEst " situés plus bas encore.
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