|
Sites touristiques Itinéraire facultatif |
Qsar
el-Ghoula Située en dehors des anciens remparts du côté Nord-Est et en contrebas du plateau où dominait le temple de Vénus, léglise de Qsar el Ghoula, dont il ne subsiste aujourdhui que quelques structures, semble avoir voulu concurrencer à ce niveau lancien temple païen. On peut toujours y voir les restes de deux absides, les murs de fondation et une chambre construite en pierre de taille, indices suffisamment clairs pour reconstituer lancien plan du monument. Décrites par Berbrugger (1850), Guérin (1860), Espérandieu (1884), Cagnat et Saladin (1886), les ruines de léglise furent relevées dans un plan sommaire. Elles seront fouillées par le Père La Bouille en 1882 où lon découvre la crypte, les mosaïques, des inscriptions chrétiennes latines et grecques. Dautres fouilles furent poursuivies plus tard par le Capitaine Nicolas (1906). Il nous semble que toutes les descriptions faites des ruines de cet important monument sont restées incomplètes et avaient négligé certains détails révélateurs et caractéristiques. On a très rarement indiqué quil sagissait en fait dune basilique à deux absides. Pourtant un relevé sommaire des lieux effectué par Giudicelli mentionnait déjà les deux absides. A Qsar el Ghoula on distingue bien une abside située du côté ouest flanquée de deux pièces de sacristie. Cest ici quun petit escalier central semble conduire à la crypte. Lentrée originelle située en face du côté Est, fut plus tard réaménagée en une abside orientale où lon remarque à la fois une différence dans le mode de construction et un réemploi des claveaux de lancienne entrée . Deux larges murs de soubassement reliant les deux absides limitent la grande nef centrale (7 mètres); deux autres murs extérieurs limitaient de part et dautre les bas côtés (3,5 mètres). Lensemble est inscrit dans un vaste quadrilatère de 45 mètres de longueur sur 19 mètres de largeur (contre les 35 m - 16 m habituels). Les deux absides, se faisant face, de forme demi- circulaire, font 6 m de diamètre; laire centrale est divisée en deux parties égales. La réorientation de labside du côté Est a dû avoir lieu au V e siècle si lon compare avec labside de Dar el Qous aménagée à la fin IVe s.. Celle de la basilique de la Citadelle de Haïdra, en revanche, identique à celle de cette dernière, avait gardé son abside orientée vers louest, contrairement à celle de Candidus (Haïdra) qui présente les mêmes dispositions que celle de Qsar el-Ghoula, cest-à-dire avec deux absides. Le monument semble avoir été richement décoré; la nef fut ornée de colonnes en beau marbre blanc veiné de bleu, on en a trouvé 14. Le sol fut également richement décoré de mosaïques dont la croix fournit le principal ornement. Gauckler les avaient décrites dans son inventaire des mosaïques sous les numéros : 562-563 et 564. Visiblement, les vestiges de Qsar el-Ghoula sont ceux dune authentique basilique paléochrétienne, probablement du IIIe siècle, qui représente vraisemblablement le plus ancien lieu du culte chrétien de Sicca. Elle nous semble, en tout état de cause, antérieure à celle de Dar el-Qous. Espérandieu qui voulait y voir à lorigine une basilique judiciaire romaine, transformée certes plus tard en basilique chrétienne, navançait en fait aucun argument sérieux à lappui de sa thèse mais finit par avouer tout de même quil ne sagit là que dune simple conjoncture. Le lieu dimplantation extra-muros du monument, situé loin du centre civique de la cité classique, exclut la fonction civile païenne dune part, le caractère franchement chrétien de son plan et de son architecture militent dautre part en faveur dune véritable basilique chrétienne. Elle a dû probablement perpétuer, à ce niveau, la tradition dune area originelle et dune éventuelle cella martyrum en rapport, étant donné la présence dune crypte, avec les souvenirs des premiers martyrs de Sicca ou de celui de l'évêque martyr Castus de Sicca (203). Les fouilles du Capitaine Nicolas (1906) semblent confirmer les découvertes dinscriptions dont une évoque celle probablement dun évêque. Espérandieu notait également " quil est probable que cette basilique soit construite sur lemplacement dun cimetière païen " dont on remarque un grand nombre de cippes et de stèles funéraires récupérés dans le cimetière israélite voisin. On a découvert aussi au même endroit, sur une dalle en calcaire local, une intéressante inscription : EN-IRENE contenue entre une double réglure précédée dune colombe. Il sagit dune formule grecque transcrite en lettres latines, rare en Afrique : léquivalent de In pace en latin. Un usage assez répandu, paraît-il, chez les Chrétiens de Sicca . On date cette inscription de lépoque byzantine. La découverte dautres inscriptions chrétiennes et dobjets liturgiques divers, telles que les grandes lampes sous forme de barque, confirment encore mieux les activités tardives de ce lieu de culte. Cette utilisation à la fin de la période chrétienne, tout en affirmant la valeur particulière des lieux, donne plus de vraisemblance à la fameuse légende du miroir magique de la Knissa de Shaqbenariyya, du temps des Roums (Byzantins), rapportée par er-Raqiq et par el-Bakri. Cest à Qsar el-Ghoula, vraisemblablement daprès des traditions recueillies auprès de la population locale, que Berbruger (1850) attachait cette légende.
|
Le miroir magique Cest el-Bakri (XIe s.), probablement daprès Ibn el-Jazzar (Xe s), qui rapportait : " Pendant la domination byzantine (Roum) il y avait dans léglise de Chikka Benaria (Sicca Vénéria, maintenant Kef) un objet bien curieux, un miroir, dans lequel tout homme qui soupçonnait linfidélité de sa femme navait quà regarder pour voir la figure du séducteur. A cette époque, les Berbères professaient le christianisme, et un homme de cette race, ayant montré beaucoup de zèle pour la religion, était devenu diacre. Un latin (Roumi), jaloux de sa femme, alla consulter le miroir, et voilà quil y distingua les traits du diacre berbère. Le roi fit chercher le berbère et le condamna à avoir le nez coupé et à être promené à travers la ville, puis il le chassa de léglise. Les parents de cet homme allèrent la nuit briser le miroir ; pour les punir le roi fit saccager leur campement " |