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TEMPLE DES EAUX Situé en bas du rocher del-Qasba, entre les deux oueds : el-Ain et Bin Smida et autour de la grande source de Ras el-Aïn, un important champ de fouilles archéologiques avait révélé les structures et les annexes dun vaste complexe thermal de lépoque romaine. Tout en étant un sérieux indice de la formation urbaine de la cité antique et de son évolution vers louest au IIIe s., ce complexe se compose en réalité de plusieurs parties : les thermes et leurs citernes, le nymphée de Ras el-Aïn : le temple des eaux proprement dit, et les portiques vraisemblablement un " tribunal des eaux ". Les thermes Auparavant, on ne connaissait de ce monument que sa salle hexagonale appelée Dar ej-Jir (maison du four à chaux). Cette salle fut relevée par B. Roy et publiée par Cagnat et Saladin, ces derniers la décrivaient ainsi : " une salle hexagonale ouverte sur cinq côtés et sur la sixième face précédée dun double portique La salle centrale paraît avoir été couverte par une coupole, car les épaisseurs des murs ne seraient pas aussi fortes et la disposition des berceaux ne serait pas la même si la couverture avait été en charpente. Elle mesure intérieurement 8 m de côté environ, et le rayon du cercle circonscrit à lhexagone extérieur(dont les angles sont brisés) est de 11,50 m environ. On peut y voir un baptistère. ". Cest à la suite des démolitions des maisons modernes environnantes et des dernières fouilles quun vaste périmètre a pu être dégagé autour de cette salle et quon a pu, enfin, se fixer sur la destination réelle de cette salle et des importantes structures archéologiques qui lenglobent. Il sagit en fait dun vaste complexe thermal dont la partie fouillée mesure déjà 60 m x 45 m. Tenant compte de la symétrie propre à ce genre détablissement, on peut estimer quon a là la moitié de lensemble du monument seulement, le reste, situé à louest, étant encore sous les maisons modernes. La totalité de la superficie occupée par ces thermes devait être estimée à environ 5.500 m2, sans compter les esplanades habituelles. Celles-ci devaient sétendre vers louest et vers le sud et les piscines de plein air natatio qui devaient se situer plutôt du côté Nord et Est, du côté de la grande source. Au Nord les thermes sont limités par des citernes. Ce vaste ensemble dont lorientation est ordonnée sur un axe nord/sud est composé en fait de plusieurs salles et annexes. Les travaux actuels de dégagement ne permettent pas encore davoir une idée globale sur lensemble, et plus spécialement sur la distribution intérieure, et la destination exacte de certaines salles : comme le frigidarium, le tepidarium, le caldarium, etc On peut néanmoins distinguer les principales parties suivantes : - Une remarquable salle hexagonale, avec une double arcade sur cinq côtés. La salle renferme au milieu un bassin également hexagonal. Le sol est remarquablement dallé avec de la pierre calcaire locale. Daprès certaines dispositions, cette salle semble avoir reçu une couverture en coupole. On y accède du côté sud, probablement du côté de lentrée principale, par des escaliers dont les marches sont encore visibles malgré la coupe brutale faite par le bâtiment moderne. - Une importante salle remarquable par sa grande abside où sont aménagées deux baies latérales, elle est flanquée de deux niches qui devaient recevoir des statues. Cest probablement un temple où lon devait honorer le culte de lempereur. Cest au pied de lune des deux niches quon avait découvert la tête dune statue de marbre vraisemblablement celle dAlexandre-Sévère (222-235).
Ces parties nous donnent déjà une esquisse préliminaire du plan dorigine ; certaines parties notoires du monument, situées aussi bien du côté Ouest que du côté Est ainsi que les nombreux sous-sols, restent enfouies et inexplorées. Elles pourraient donner lieu à la restitution des ensembles, vraisemblablement symétriques, des thermes antiques. Lintérieur de ces thermes paraît avoir eu une ornementation très luxueuse, à en juger par ce qui reste comme traces des panneaux de marbre vert, qui plaquaient les murs, de colonnes en marbre rose, de pilastres en marbre blanc, de pavement en mosaïques, etc. On a relevé notamment que certaines parties, notamment lintrados des voûtes, devaient être décorées de mosaïque en pâte de verre. Daprès les quelques inscriptions relevées sur les lieux, le monument semble avoir récupéré les éléments dun ancien temple destiné à lorigine au culte dAuguste fondateur de la Colonie des Siccenses. Certains indices architectoniques semblent indiquer aussi que, dés le début, les thermes avaient subi quelques réaménagements dont certains devaient remonter à lépoque sévérienne. Plus tard les lieux ont dû être occupés aussi bien par la chapelle chrétienne que par tout un quartier dhabitations tardives. Les différentes strates démontrent clairement une succession interrompue dhabitats jusquà lépoque contemporaine. La chapelle Une aile assez importante du monument fut transformée par la suite en une chapelle paléochrétienne, dont on voit encore labside avec des traces de chancel, quelques aménagements liturgiques et quelques tombes. Il est fort probable aussi que le bassin hexagonal voisin ait servi, au cours de cette même période, de baptistère. La chapelle est aménagée dans une des ailes abandonnées des thermes, on y distingue une abside orientée curieusement vers le Sud. Celle-ci est flanquée de deux portes, dont l'une conduit à la salle hexagonale, reconvertie probablement en baptistère. On accède à labside par une marche. Un autel limité par des chancels occupe le chur. Le sol est pavé de mosaïques qui semblent appartenir aux thermes romains à en juger par les motifs et le niveau de lancien plaquage en marbre des murs intérieurs des thermes. En place dans la chapelle chrétienne, on remarque surtout la présence de plusieurs dalles funéraires avec inscriptions et croix latines, dont celle du presbyterium, en marbre, probablement celle dun prêtre ou dun haut dignitaire de lEglise de Sicca. Une autre tombe, aménagée dans un caisson, occupe le milieu de labside; elle semble, par sa remarquable position centrale, rappeler la présence du culte des reliques dun martyr chrétien. La reconversion de cette aile en chapelle semble antérieure au Ve s. Il est vraisemblable quil sagit là dune chapelle donatiste; en 411 on signale le nom de Paulus comme évêque donatiste de Sicca. Il est possible notamment que cette chapelle fut récupérée, plus tard, au profit des catholiques, Fortunatien assurait en 411 quil avait lunité de lEglise à Sicca. * On peut visiter éventuellement Dar el-Kahyia, ancienne résidence de Farhat fils du fameux Kahiya Salah. Récemment restaurée. Cette maison patricienne offre une idée sur l'architecture domestique du XIX e s. largement inspirée par le modèle tunisois. Siège de l'ASM, on peut y visiter des expositions photographiques sur l'ancienne médina. Les citernes De lautre côté de la route, au milieu de tout un îlot de maisons patriciennes, comme celles des Béji, on trouve les citernes dont leau était réservée uniquement à lusage des thermes. Ces dernières sont alimentées par une conduite qui devait amener leau de la source de Aïn Soltan, située près de la piscine militaire. Elles communiquent avec les thermes au moyen dun grand tunnel. Un autre tunnel semble dévier le trop plein deau vers la grande source de Ras el-Aïn. Ces citernes sont constituées en réalité dune grande salle formée de sept travées en largeur et dix en longueur ; totalisant cinquante quatre piliers carrés en pierre de taille, elle est couverte en voûte darête, sa capacité de stokage est de 4.000 mètres cubes deau. Une autre citerne de décantation juxtapose du côté sud la grande salle, sur toute sa largeur. La terrasse de la citerne de décantation, est surmontée de deux bassins de natation recouverts de mosaïques et séparés par un avant corps de la grande salle ( ces particularités ne sont pas encore visibles). Lensemble de la terrasse des citernes, autrefois encadrée par un portique, est recouvert de dalles en pierre marbrière et devait servir de palestre. Ras el-Aïn Cest au pied de la mosquée de Sidi Ahmed Ghrib quon découvre la petite place de la fameuse grande source du Kef "Ras el-Aïn " dont la présence bénie avait donné naissance à la ville et assuré sa pérennité. La qualité et labondance des eaux de la grande source de Ras el-Aïn ainsi que ses multiples galeries avaient donné naissance à de nombreuses légendes. La possession dune part des eaux de la grande source était autrefois synonyme de puissance et de notoriété. En accédant à la place, on remarque tout de suite la petite niche de Lella Mna gardienne de la source toujours vénérée. Des restes darcades antiques encastrées dans les murs laissent deviner les vestiges de lantique nymphée. Avec un peu de chance, on peut accéder à lintérieur où lon peut voir le reste du système hydraulique, et surtout le remarquable et légendaire tunnel creusé dans le rocher.
Certaines traditions de la ville maintenues jusquaux années soixante confirment la réalité de la survivance dun véritable tribunal des eaux plus connu sous le nom de " Jabhiyet Ras Al Aïn ", assemblée de notables dont le siège est la grande source justement et dont le rôle principal est de trancher les différends soulevés entre les ayants droits à leau de la source. El Kef conserva un règlement rigoureux et très élaboré de la distribution des eaux de la grande source. Cest sur la porte de la mosquée de Sidi Ahmed Ghrib, surplombant la source, quon affichait la montre qui indiquait les temps et les quotas répartis aux différents usagers des eaux de la source, particulièrement les jardiniers. Pour dater lensemble de ce complexe profondément marqué par lépoque romaine, on doit tenir compte de certains indices antérieurs remontant à laube de lhistoire. Nous nexcluons pas que les débuts dun aménagement monumental devraient remonter à lépoque hellénistique. Si on exclut la chapelle paléochrétienne et lurbanisme tardif du Ve siècle, on peut avancer que lachèvement de ce complexe monumental dans sa forme finale, doit remonter probablement à lapogée de lactivité architecturale et urbaine dans la Cirta Sicca du début du IIIes.
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Temple des thermes Vestiges des salles des thermes Salle hexagonale des thermes Vestiges des anciennes salles Vue d'ensemble sur les anciennes salles Epitaphe chrétienne découverte dans la chapelle paléo-chrétienne des thermes
Buste d'Alexandre Sévère découvert au pied de la niche occidentale du temple
Vue intérieure des citernes des thermes Vue intérieure des citernes des thermes
Ancienne vue sur la grande source de Ras el-Aïn Vur actuelle de Ras el-Aïn |