Aux origines des premiers peuplements |
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HISTOIRE |
Aux origines des premiers peuplements Sur les débuts de lhistoire de la ville du Kef, on connaît très peu de choses en vérité. Seuls quelques indices archéologiques, remontant toutefois aux plus anciennes époques préhistoriques, semblent offrir certaines informations fort précieuses sur lenvironnement et le contexte de la très haute antiquité de la naissance de la ville ou du moins sur lancienneté de son peuplement humain. Le site du Kef fait partie de lensemble écologique du bassin versant de la vallée de l'oued Mellègue, véritable berceau dune riche culture préhistorique paléolithique révélée par de nombreux et remarquables gisements tels que ceux dAl Aouinet, de oued Sarrat, de Sidi Zin et de Kum el Mejin. La présence précoce du peuplement humain est attestée au pied même de la ville, à lendroit dit Sidi ez-Zine, célèbre par ses industries acheuléennes. De nombreuses autres traces des périodes épipaléolithiques et néolithiques, en particulier les escargotières, confirment la densité et la permanence de cette occupation humaine dans le voisinage immédiat de la ville. Une corrélation étroite semble sétablir entre des révolutions écologiques et une certaine forme de culture et détablissements humains, relatives tout à la fois au climat, au couvert végétal et à la richesse hydrologique. Lenvironnement du site du Kef a dû connaître successivement les grandes retenues deau, la formation des cours deau et lémergence du rôle prépondérant des sources. A ces trois stades devaient correspondre lacheuléen, le moustérien et le néolithique. Présence et révélation du sacré Perché sur le dernier promontoire de la montagne sacrée de jbel ed-Dir, connu aussi sous le nom dAzrou, le site du Kef, très riche en eau, est marqué, très tôt, par la révélation du sacré. Déjà le culte primitif du génie de la grande source de Ras elAïn, plus connu de nos jours sous le couvert de Lalla Mna (Ninna Thala), ainsi que les découvertes récentes, sur la rive droite de oued el Aïn, doutillage lithique néolithique, devaient refléter un attachement précoce au sol lié certainement à lexploitation agricole. Dautres manifestations, telles que les peintures pariétales néolithiques des abris sous roche en face de la source lustrale de Sidi Mansour et des falaises de Chgaga, expriment encore mieux cet attachement et la vocation magico-religieuse de ces premiers sanctuaires naturels, particulièrement ceux de la grotte matrice de la grande source de Ras el Aïn et de la femme fissure et ouverte de Chgaga. Grottes de Sidi Mansour De multiples indices, dont les peintures pariétales mentionnées, attestent de la haute valeur hiérophanique des lieux et celle dun centre de pèlerinage primitif autour des génies kratophaniques et lustraux particulièrement ceux du rocher et des grandes sources de Ras el Aïn et de Sidi Mansour Al Gayess. Celles-ci avaient dû favoriser, très tôt, léclosion et la multiplicité des expressions des cultes et des rites de la fécondité sur lensemble du plateau du Dyr, dont lancien nom Azrou, comme dyr, exprime le sens du sanctuaire et de montagne sacrée. Cultes exprimés par les rites de magie sympathique, toujours vivaces, étroitement associés aux cultes agraires, dont on relève de nombreuses manifestations dans la vénération du rocher (lalla chgaga) des sources (lalla mna) des arbres (lalla chajra) des cuvettes-impluvium (lalla gassa') et des animaux, particulièrement le lion (sidi essid). Autant de sanctuaires primitifs qui justifient largement la vocation hiérophanique du synclinal perché du Dyr. Cette remarquable profusion du sacré sur ces hauteurs devait être vraisemblablement à lorigine du premier nom théophore de Cirta que la ville devait porter à laube des temps historiques. Genèse et émergence de la citéPlusieurs vestiges mégalithiques répartis sur tout le plateau calcaire du Dyr, particulièrement dans lenceinte sacrée de Hram Sidi Mansour témoignent à la fois de lextension des cultures sèches, de la densité doccupation des hauteurs du site et de la vitalité du premier semis urbain. Dorigine libyque, le premier bourg agricole fortifié devait remonter assez loin dans lère protohistorique, probablement du temps de la concentration des activités agro-pastorales et de la formation des premières confédérations tribales autour de divinités poliades fédératrices sous forme damphictyonie. Dolmen sur les hauteurs du Kef La concentration des sépultures mégalithiques, le culte des ancêtres et les
rassemblements saisonniers offraient le cadre fédérateur à ces premiers noyaux urbains
qui devaient, tout en se dégageant de lemprise rurale, évoluer au contact des
civilisations urbaines méditerranéennes archaïques, en particulier avec les
Phéniciens, vers de véritables centres urbains. Les plus anciennes manifestations
archéologiques de la haute naissance de la ville devaient atteindre très probablement le
Ve siècle av. J.-C.. Outre la présence nombreuse de dolmens, le
sanctuaire pariétale de Borj Guelal (Qasbah) a livré des tessons de poterie punique du
IVe siècle av. J.-C., attestant déjà de la mise en contact et des échanges
féconds entre la côte méditerranéenne et lintérieur du pays numide.
Vestiges mégalithiques sur le Dyr |
Gisement préhistorique de Sidi Zin Sidi Zine: ossement d'une faune Tchado-Zambézienne
Sidi Zine: Industrie acheuléenne Hachereau
Sidi Zine: Bifaces
Sidi Zine: Industrie Mousterienne
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Abris sous roche de Sidi Mansour el-Geyes |
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Rocher sacré de Chgega: premier sanctuaire rupestre |
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Oued el-Aïn Enceinte mégalithique proche du Kef |
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Bas relief découvert au Kef représentant une scène de sacrifice
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